Quelques mots d’histoire. Le Cambodge.

L’histoire ancienne du Cambodge est peu connue. L’ère d’Angkor, qui débute au VIIIe siècle de notre ère, a laissé des vestiges splendides à Angkor. Ces ruines aident aujourd’hui les spécialistes à reconstituer le passé.


En 1431, le royaume Thaï d’Ayudhya a fait le sac des temples d’Angkor. Le déclin de l’empire d’Angkor laisse le royaume successivement entre les mains des Thaïs et des Khmers, appuyés les uns les autres par les ethnies environnantes, jusqu’à l’arrivée des Français en 1863.


La France fait du royaume Khmer son protectorat en 1863, puis sa colonie en 1884. Les Français y resteront jusqu'à l'indépendance du pays, qui se fait dans la paix en 1953. Le roi Sihanouk est alors au pouvoir. De tendance pacifique et débonnaire, il laisse les Vietnamiens du Nord se déplacer sur son territoire et il ferme les yeux sur les petits camps vietnamiens qui se forment au Cambodge.


 Dans leur chasse aux bases nord-vietnamiennes, les Américains bombardent ces présumés camps vietnamiens en territoire cambodgien en 1969. Tentative d’invasion ratée qui permet à un groupe communiste ayant pour nom les Khmers Rouges, avec à sa tête Pol Pot, de conquérir par la guérilla une grande partie du Cambodge. Profitant de l'assaut américain, les Khmers Rouges marchent sur Phnom Penh et créent le Kampuchea démocratique en 1975.


De 1975 à 1979, les Khmers Rouges veulent entièrement réformer la société et la transformer en une société maoïste, agraire et auto-suffisante. Les Khmers Rouges déclarent l’années 1975, « l'année zéro ». Le début de la nouvelle société cambodgienne. Les Khmers Rouges organisent alors l'évacuation de toutes les villes du Cambodge et re-localisent tous leurs habitants dans des camps de travaux forcés. Tout le monde aux rizières. Les Khmers Rouges veulent détruire tout ce qui rappelle l'ancienne société. Plus d'hôpitaux, plus d'écoles, plus de monastères. Ils veulent une société entièrement agricole.


Ils tuent tous ceux qui sont éduqués et qui ont l'air intellectuel. Ils tuent les docteurs, les professeurs, les artistes. Ils tuent ceux qui parlent une langue étrangère. Ils tuent ceux qui portent des lunettes. Les Khmers Rouges endoctrinent les enfants, les incitent à dénoncer leur famille et en font de véritables machines de guerre. Le pays est presque complètement coupé du monde extérieur.


Entre temps, le Kampuchea démocratique, sous le règne des Khmers Rouges, est officiellement reconnu par les Nations Unies et par la plupart des pays. D’un consensus universel, l’on décide de ne pas intervenir dans ce pays, sous le prétexte du droit des peuples à l’autodétermination.


Les Khmers Rouges, ce sont Pol Pot, quelques dirigeants et des milliers d'enfants entraînés à tuer. Et pour tuer, ils tuent. Dans les « Killing Fields », ces rizières où sont envoyés les Cambodgiens, on les bat, on les affame, on les épuise, on les tue de sang froid. Aujourd'hui, on peut voir, encore, ces tombes communes où des milliers et des milliers de têtes de morts sont entassées.


En quatre ans, les Khmers Rouges tuent un huitième de la population. Entre un et deux millions de Cambodgiens. Proportionnellement à la population, ce génocide est de plus grande importance que l’Holocauste.


Le régime des Khmers est tombé en 1979. Les Khmers Rouges avaient essayé d'attaquer le Viêt-nam qui s'est défendu et qui a marché sur Phnom Penh. Pendant plusieurs années, les Vietnamiens ont gardé le pouvoir, pendant que les Khmers Rouges continuaient la guérilla, soutenus par les Américains. Finalement, un vrai gouvernement démocratique sera élu en 1999. Les élus changent souvent depuis cette date. Coalitions après coalitions, l’on tend vers une meilleure démocratie.


Pol Pot est mort en avril 1998 déclarant « n’avoir absolument rien sur la conscience ». Sa mort entraîne le démembrement des Khmers Rouges qui continuaient jusqu’alors la guérilla dans la jungle. Les Khmers Rouges n’ont jamais été jugés pour leurs crimes contre l’humanité. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux occupent encore des postes d’importance au sein du gouvernement du Cambodge.


Vingt-cinq années de guerre civile se sont écoulées. Aujourd'hui, au Cambodge, on retrouve cent quarante mines anti-personnelles par mille carré. Soit, en tout, six à dix millions de mines, 500 000 tonnes de bombes non explosées. On y dénombre de cent à trois cents blessés chaque mois. Pour la plupart amputés. Sans compter les morts. La communauté internationale estime que ça prendra de dix à vingt ans, avant de réussir à déminer ce pays.


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